Je pensais à la fin de l’été que le pire était passé pur les Reds. Stevie, Dirk, Fernando sont restés. Joe, Milan, Christian et Raoul sont arrivés avec le nouvel entraîneur Roy.
Et pourtant après une victoire, trois matchs nul et une défaite, Liverpool connaît son pire départ depuis 18 ans.
Pourtant, les Reds n’ont pas des supporters comme les autres. Connus dans le monde entier pour leurs magnifiques brins de voix, ils souhaitent désormais placer leurs économies.
Le groupe de fans « Spirit of Shankly-Share Liverpool FC » a fait le premier pas vers la création d’une base financière d’investissement. L’objectif : prendre des parts dans le club et s’accaparer un plus grand pouvoir décisionnel ! Le « Liverpool Supporters’ Credit Union » vient donc d’être lancé, samedi, avec pour intention de rendre l’investissement dans le club plus abordable.
Les supporters pourront désormais épargner pour obtenir une voix participative. « Si vous avez 100 000 personnes qui contribuent toutes à hauteur de 500 livres, vous pouvez facilement obtenir 50 millions de livres et vous asseoir à la table des propriétaires » a déclaré Tracy Fletcher, le directeur général de Partenaires Credit Union, société de crédit anglaise associée au projet.
L’idée est belle mais quelque peu utopique. Un premier obstacle existe déjà, dans le règlement, qui limite l’adhésion aux personnes vivant et travaillant dans le Merseyside, comté de Liverpool. Le pouvoir ne se donne pas au peuple si facilement !
En temps de crise, Liverpool peut ainsi compter sur ses fidèles. Et c’est déjà une très bonne nouvelle.
Il est loin le temps où le Liverpool FC trônait sur le toit de l’Europe. Le plus creux, le feuilleton entourant ses copropriétaires américains, devrait connaître son dénouement le 15 octobre.
C’est à cette date que Tom Hicks et George Gillett doivent rembourser l’astronomique somme de 450 millions à la Royal Bank of Scotland (RBS) et d’autres institutions financières. Gros hic, les deux hommes d’affaires n’ont pas les poches assez profondes pour s’acquitter de la dette déjà refinancée et dont la somme a été multipliée par 10 depuis 2007.
Pris à la gorge, les copropriétaires ont mis le club en vente en avril dernier. Ils espéraient alors obtenir plus de 950 millions pour rembourser la dette et empocher un substantiel profit au passage.
Mais le prix élevé, le fort endettement et le contexte économique instable ont rebuté les quelques repreneurs qui ont cogné à la porte d’Anfield Road. Le cas le plus médiatisé a été celui du Chinois Kenny Huang qui a finalement retiré son offre à la fin du mois d’août.
Hicks, plus enclin que Gillett à garder le contrôle de Liverpool, a alors tenté d’obtenir un nouveau financement en explorant diverses avenues. La dernière en date a été de demander de l’aide à la société de capital-investissement américaine Blackstone en échange du partage du contrôle de l’équipe. Sans succès, pour le plus grand plaisir des trois autres membres du conseil d’administration et des partisans du club.
Les solutions se sont donc réduites de semaine en semaine pour le duo américain. Il n’existe maintenant que deux issues dans cette crise.
Soit la RBS accorde un nouveau délai pour permettre une éventuelle vente, soit elle prend le contrôle du club et le revend rapidement sans la moindre dette. La banque négocierait alors directement avec les acheteurs potentiels pour un prix de vente que les observateurs estiment à 485 millions. Il est donc facile de comprendre pourquoi les intéressés vont attendre quelques semaines encore pour soumettre une offre…
Trois années difficiles
Arrivés dans la cité des Beatles en 2007 en brandissant de grandes promesses – dont celle d’un nouveau stade de 73 000 places -, Hicks et Gillett se sont rapidement mis le fervent public des Reds à dos. Aux critiques à l’égard de Rafael Benitez et à la mauvaise gestion financière, le kop d’Anfield a répondu par des sifflets et des «Yanks out».
Qu’on le veuille ou non, le climat malsain à la tête du club a déteint sur ses performances au cours des dernières années. Même si les coéquipiers de Steven Gerrard ont fini au deuxième rang à l’issue de la saison 2008-2009, ils ont ensuite été les premiers du défunt Big Four à glisser sous le top 4.
La septième place acquise l’an dernier est d’ailleurs un mélange du mauvais recrutement de Benitez et d’un manque de ressources financières. Pendant que d’autres équipes dépensaient sans compter et que d’autres misaient sur la stabilité, Liverpool est devenu un club vendeur incapable du moindre coup d’éclat lors des mercatos.
Les Reds se sont d’ailleurs astreints à un régime minceur dans le domaine des transferts au cours de l’été. Alors que 22 joueurs ont été vendus, prêtés ou libérés, seulement neuf ont été recrutés. De ce chiffre, trois sont arrivés à Anfield libres de tout contrat, sans que Liverpool ne verse le moindre sou.
Il n’est dont pas étonnant que le présent début de saison soit le pire en 18 ans. Avec des joueurs clés longtemps blessés (Dirk Kuyt) ou en méforme (Fernando Torres), le nouvel entraîneur Roy Hodgson ne possède pas la même qualité sur son banc qu’Alex Ferguson ou Roberto Mancini à Manchester United et City.
L’illustration parfaite est venue mercredi dernier alors que Liverpool a été éliminé de la Carling Cup par un club issu de… la quatrième division.
Le mythique club a donc touché le fond. Pour beaucoup, le départ des copropriétaires yankees serait une première poussée du pied qui permettrait de remonter à la surface.