Irlande du Nord: on en parle un peu cette semaine...

Le premier ministre d'Irlande du Nord a annoncé, lundi soir, qu'il laissait provisoirement son poste à sa remplaçante par interim, Arlene Foster. La très forte pression médiatique et politique a mené M. Robinson à prendre sa decision afin, explique-t-il, de prouver son innocence face à "des allégations malveillantes". Il est accusé d'avoir couvert les malversations de sa femme.

Le scandale a éclaté jeudi dernier lorsque la BBC a diffusé un documentaire révélant la liaison amoureuse de la femme du premier ministre, Iris Robinson – par ailleurs députée au parlement de Londres et membre de l'assemblée régionale nord-irlandaise de Stormont -, avec une jeune homme de 19 ans.

Le documentaire apportait également la preuve que Mme Robinson avait profité de sa position pour obtenir de deux investisseurs 55.000 euros pour aider son amant à ouvrir un pub – et cela sans en avertir ni Londres ni Belfast, comme la loi le prévoit.

Le scandale est d’autant plus que grand qu’il ne s’agit pas de n’importe quel couple. Peter Robinson a succédé, en 2008, au pasteur fondamentaliste Ian Paisley à la tête du parti unioniste démocrate (DUP).

Mme Robinson, croyante ultra-conservatrice, s’était déjà fait remarquer, il y a quelques années, en expliquant aux médias que les homosexuels devraient avoir l’obligation de se faire soigner par un psychiatre ou par l’Eglise : "Si un meurtrier peut obtenir la rédemption par le sang du Christ, un homosexuel aussi", avait-elle declaré. Il y a quelques semaines, Iris Robinson avait accordé des interviews aux médias pour leur annoncer sa tentative de suicide de mars dernier et sa grave dépression.

L’affaire tombe d’autant plus mal que les relations entre le premier ministre protestant, Peter Robinson, et son vice-premier ministre catholique, Martin McGuinness sont devenus très tendus ces derniers mois. Selon les Accords de paix de 1998, l’exécutif semi-autonome se partage, depuis 2007, entre les protestants "fondamentalistes" unionistes (DUP) et les catholiques separatistes (Sinn Féin).

Martin McGuinness (Sinn Féin) reproche à M.Robinson de vouloir freiner le processus de dévolution prévu par les Accords de paix de 1998 et l'Accord de Saint-Andrews en 2006. La dernière étape du processus de paix du Vendredi-Saint, et déterminé finalement par l'Accord de 2006, prévoit le transfert des pouvoirs en matière de police et de justice, de Londres vers Belfast. Une étape plus longue à mettre en place que prévu.

De plus, depuis près d’un an, la violence a repris entre catholiques et protestants. Des attaques revendiquées par deux groupes dissidents de l’IRA (lié au Sinn Fein) – l’IRA-Véritable et l’IRA-Continuité – ont déjà fait plusieurs victimes dont un policier blessé, vendredi dernier, par l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture. En mars 2009, deux soldats britanniques et un policier ont été tués par balle. LA RIRA s'était rendue célèbre avec l'attentat d'Omagh.

Ce que l'on peut dire est que ce sont deux groupes dissidents à qui la violence ne fait pas peur et qui ont recruté en masse, ces 6 derniers mois, des hommes jeunes et plutôt inexperimentés. Ils seraient encadrés par des anciens de l'IRA, mécontents des Accords de paix de 1998. Leur but serait de faire capoter les Accords du Vendredi-Saint. Hillary Clinton en deplacement en Irlande a appelé à l'application la plus rapide possible des Accords de 1998.

Sujet sur la RIRA

Denis Donaldson (1950 à Belfast, Irlande du Nord - 4 avril 2006 à Donegal, République d'Irlande) était un membre de l'IRA et du Sinn Féin. En 2005, sa collaboration avec le MI5 et le Special Branch, du service de police de l'Irlande du Nord, fut mise au jour. Isolé depuis lors dans un cottage du Donegal, il a été assassiné le 4 avril 2006. L'amitié qui les liait a inspiré à l'écrivain Sorj Chalandon un roman publié en 2008, Mon traître.
LA RIRA a revendiqué le meurtre de Donaldson.

Clip de propagande de la RIRA