
Etoile de John Wayne

On vient de revenir de 10 jours de vacances à Los Angeles. Fascinant!
"Il faut bien comprendre que LA n'est pas une ville. Au contraire, elle est et cela depuis 1888, une marchandise; quelque chose dont on fait la publicité et qu'on vend au peuple américain comme les automobiles, les cigarettes ou du dentifrice" M. Mayo
Miss Georgie devant l'étoile de Michael Jackson

On dit souvent de Los Angeles qu'elle n'est qu'une mer infinie de béton...Pourtant, la ville frappe, au contraire, par son horizontalité et par la présence des montagnes aux alentours. Hormis les tours de downtown, la ville s'étend à perte de vue. La ville, elle, compte près de 4 mio d'habitants, le Los Angeles County, 10.2 mio et la région, au delà de 18 mio et s'étend sur plus de 12000 km carré.
Downtown au loin à 6.30 du matin

C'est une cité déterminée à se présenter au monde comme une capitale économique. Capitalisant sur cette volonté de prospérité, le maire Bradley décida de nommer dans les années 80 un comité: Los Angeles 2000. Le rapport qui en résulta mêlait dans un optimisme vibrant: la cohabitation des communautés, la protection de l'environnement, l'épanouissement personnel... et concluait que le LA dream pouvait encore devenir réalité.
Sûrement pas! répliqua le sociologue Mike Davis dans son best-seller:City of Quartz: LA, capitale du futur. A ses yeux, Los Angeles matérialisait le triomphe d'une politique répressive inspirée par quelques oligarques, l'exemple péniblement emphatique d'une planification et d'un développement urbains râtés.
Il serait très injuste de rejeter la critique de Davis au motif qu'elle ne serait qu'une attaque idéologique. De 1990 à 1992, un mal s'abattit sur la ville: les gangs. 771 meurtres en 1991. La violence due aux gangs était, d'après la plupart des sondages, le problème N°1 de la ville, et environ 10% de toute cette violence avait pour théâtre Rampart, territoire du fameux gang de la 18th street, un gang de mexicains et de latinos. Rampart, c'est 20 km carrés d'immeubles pourris, de boutiques décaties et louches entre Hollywood boulevard et le centre-ville, englobant le quartier de Westlake où a été prise cette photo. Des vendeurs ambulants de tout genre en passant par les dealers y arpentent les trottoirs. Le centre de ce marché est McArthur park où se cotoient familles latinos illégales, jardiniers attendant leur bus et vendeurs de drogue, faisant du parc le plus grand marché de de drogue des USA. En 10 minutes passées dans le parc, on m'a proposé 2 fois de la drogue.
A la sortie du métro à McArthur park

Avec ses problèmes de criminalité, la ville devient par la même la capitale incontestable du polar. James Ellroy, Michael Connely sont les dignes héritiers de Chandler. Sans parler du cinéma; LA Confidential, Training day par exemple. Il faut avouer que nous n'avons pas retrouver ce genre d'ambiance pendant ces 10 jours.
Contrastant avec le monde glauque et bouleversé si souvent décrit par le roman noir, l'architecture est omniprésente dans la ville irradiant souvent d'élégance. L'architecture à LA est omniprésente et certainement la chose la plus intéressante à voir: un parcours architectural à LA doit obligatoirement inclure les demeures privées construites dans les années 50 par les Neutra, Schindler et Lautner...
Allez sur le site: www.the silverlakenews.com
Mais aussi les oeuvres de Wright, Meier et Ghery.
F. L. Wright est représenté et bien représenté dans la ville comme par exemple par The Hollyhock house, son premier ouvrage dans cette ville.
Hollyhock house

Perché à 244m au-dessus du niveau de la mer, le musée Getty, le remarquable édifice de Richard Meier interpelle le visiteur. La vue sur l'océan est de plus époustouflante.
Musée Getty

A downtown, on peut aussi voir le Walt Disney concert hall, dessiné par l'un des autres papes de l'architecture, Richard Gehry. Ce bâtiment fut créé en hommage à Disney et il a coûté la bagatelle de 274 mio de dollars US. Gehry est l'une des principales cible de Mike Davis. "Parmi les architectes contemporains, personne n'a autant raffiné la fonction sécuritaire et joué sans vergogne de l'effet de frisson qui en résultait que Frank Gehry."
Walt Disney Concert Hall

Toujours au centre-ville, le pueblo, le centre historique de type mexicain reconstruit à l'identique rappelle l'origine mexicaine de la ville. En fait, la ville fut fondée en 1781 par 44 personnes qui se sont établies plus ou moins à cette place. Cet endroit d'abord appelé El Pueblo devient en 1830 ciudad Los Angeles. Ce n'est qu'en 1848 que la ville devient américaine. En 1892, Doheny découvre du pétrole. En 1920, 25% du pétrole mondial provient des puits de la région, faisant de l'or noir la principale ressource de LA.
El Pueblo

A proximité du très touristique El Pueblo, on peut visiter la gare de Los Angeles, un bâtiment magnifique Art déco.
La gare

Le centre-ville a bien changé. Bunker Hill l'un de ses quartiers rendu célèbre par l' écrivain John Fante a fait place à des buildings imposants. La vue est encore plus belle vue du sommet de l'hôtel Standard. connu pour son bar et sa piscine.
Downtown vu depuis le sommet du Standard Hôtel

Le centre-ville est désormais beaucoup utilisé comme lieu de tournage par la production TV et cinéma locale. Nous sommes du reste tombés sur la préparation d'un tournage au Biltmore hotel pour la série NCIS.
Tournage de la série NCIS

Les camions de la production appartenaient au studio Paramount.
Studio Paramount

En 1911, le premier studio de cinéma de Los Angeles ouvre ses portes. En 1914, il y a 15 studios. En 1917, LA devient la capitale du cinéma et ce dernier va finir par dépasser le pétrole comme ressource économique. La ville est avant tout la ville du cinéma et elle est parsemée de plusieurs vieux cinémas magnifiques, devenant aussi le symbole de cet art vieillissant.
Le Grauman's chinese theater, classé monument historique en 68, est certainement le cinéma le plus célèbre du monde.
Chinese theater de dehors

Chinese theater

Empreintes de C B DeMille devant le chinese theater

Mais il y a aussi le Kodak theater où se déroule la cérémonie des oscars, El Capitan, l'Egyptian rendu immortel par la film "Singing in the rain". Ce cinéma est devenu la cinémathèque américaine.
Egyptian theater

Construit en 1927, en pleine effervescence hollywoodienne, ce palace étonnant dans lequel nous avons résidé, a abrité les amours et les extravagances d'une société bien particulière: celle des producteurs et des stars de cinéma et de la littérature américaine. La toute première cérémonie des oscars y eut lieu. Intérieur art déco tendance hispano-mauresque, avec plafonds peints, grilles en fer forgé et marbre blanc. La piscine est décorée et immortalisée par une série de photos de David Hockney.
Facade extérieure du Rossevelt hotel

Salle du Roosevelt hotel

Philippe Garnier dont j'admire le travail a vécu plus de 15 ans sur sunset boulevard pas loin d'Echo Park, a été journaliste à Libé, traducteur et biographe de David Goodis notamment, journaliste dans la fabuleuse émission Cinéma, Cinémas.
Garnier revisite dans "Honni qui soit Malibu" les lieux qui furent autrefois à l'ombre de la mythologie d'Hollywood. Dans ce livre, il évoque les existences des écrivains venus travailler comme scénaristes à Hollywood: James M. Cain, Nathanael West, Wilson Mizner. Il évoque notamment à la page 39 de son livre le restaurant Musso and Frank Grill qui est le plus vieux restaurant d'Hollywood. 90 ans cette année! On y rencontre tous les intellos et scénaristes d'Hollywood depuis qu'Hemingway, Hammett, Huxley et Faulkner viennent y boire le cocktail spécial de la maison : un martini gin.
"Cette arrière-salle servait aussi de seconde cantine aux employés de la Warner, ceux qui préféraient boire leur lunch plutôt que le manger...On y trouvait aussi bien des institutions comme Faulkner...que des nouveaux-venus intempestifs comme Saroyan, ou des artistes paupérisés mais respectés comme Nathanael West ou John Fante..." Les deux meilleurs écrivains de LA à mon avis!
Frank and Musso Grill

James Frey dans son dernier roman "LA Story" donne une autre vision de d'Hollywood.
"Il traverse Hollywood les rues de rêve sont vieilles sales dangereuses délabrées elles sont pleines de touristes surpris de ne pas trouver là le glamour hollywoodien auquel ils rêvaient des mendiants agressifs...des môtels croulants sont plein de drogués et de dealers. Des restaurants légendaires ont des rats dans les coins et des cafards sur les murs... Des gangsters au coin des rues sont à l'affût, certains sont des vendeurs d'autres des tueurs..."
Il semble qu'Hollywood a un peu changé aujourd'hui. Mais cela reste parfois une aventure d'aller manger dans certains de ces restaus comme le Micelis.
Micellis

Poursuivons avec James Frey et passons dans une autre partie d'Hollywood: Los Feliz.
"Il se dirige vers l'est entre dans Los Feliz les canyons bordés de bungalows les hills parsemés de villas de boutiques d'occasion et de restaurants remplis d'acteurs de réalisateurs de musiciens de peintres certains ont réussi d'autres non tous sont hyper conscients d'eux-mêmes des autres de leurs vêtements de ce qu'ils mangent, le tout soigneusement choisi pour projeter une image où se mêlent sérieux réflexion style ironie insouciance."
Los Feliz est l'un de nos quartiers préférés. Très bobo. On peut y voir des films au Los Feliz theater, acheter des livres au skylight books, manger français au Figaro ou des burgers au Fred 62. On peut aussi boire des verres au Dresden.
Los Feliz theater

Skylight books

Le Figaro

Le Fred 62

Le Dresden

Le Dresden, bar situé dans le quartier très en vogue de Los Feliz, apparaît dans le film Swingers. Marty et Elayne tiennent ce bar depuis 28 ans. Le décor de cuir blanc évoque les années 50.
Mais surtout il ne faut pas manquer d'aller à l'observatoire et ainsi de découvrir le plus beau panorama sur la ville.
L'observatoire

Vue de l'observatoire

A l'aube du 20ième siècle, Abbot Kinney baron du tabac, veut faire de ce quartier une ville de détente et de plaisir à l'image de la Venise italienne avec canaux, gondoles à l'appui. C'est ainsi qu'est né VENICE!
Aujourd'hui, il subsiste encore quelques vestiges de ce rêve fou. Mais Venice aujourd'hui, c'est surtout le front de mer avec ses maisons de luxe et sa parade de corps sculptés et de freaks, d'ex-taulards jouant de la pelote. Le clou de la ballade, c'est Muscle Beach le club de musculation où a débuté l'actuel gouverneur de l'Etat: Schwarzenegger!
Palazzo de Venice

Baywatch!

Une des célébrités du front de mer

Joueurs de pelote (beaucoup sont d'ex-taulards)

Villa de réalisateur

Canal de Venice

Muscle beach club

Merci pour cette intéressante balade à travers cette ville fascinante. Cela me donne envie de revoir des films et de relire Fante.
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